mercredi 19 mars 2008

Le style Moyen-Age

Le style Moyen-Age

Afin de comprendre l’évolution du mobilier domestique, il est nécessaire de commencer par considérer le mobilier du Moyen Âge. De ce mobilier peu nous est parvenu, pour la simple raison que le bois est une matière fragile qui se dégrade avec le temps, mais aussi parce que le mobilier était assez limité à l’époque. En effet, sièges, lits, tables et coffres constituaient l’entier de l’ameublement. Jusqu’à la Renaissance, le développement du confort domestique fut négligeable.

Le gothique, style de la grande époque des chevaliers et des troubadours, commença à supplanter le style roman, son prédécesseur, autour du milieu du XIIe siècle en Île-de-France, ancienne province du nord de la France avec Paris comme capitale. A part en Italie, le gothique régna sur toute l’Europe jusqu’à la fin du XVe siècle, avec des variations nationales bien plus marquées que dans le style roman. Son influence est très clairement perceptible dans le domaine du mobilier, fortement architecturé.

Au Moyen Âge, quand les grands nobles changeaient de lieu de résidence, ils déménageaient avec eux tous les objets de valeur qu’ils possédaient. Les meubles étaient par conséquent conçus pour être facilement démontables et transportables, fonction que le mot mobilier souligne bien.

Des coffres de voyage, couverts de cuir ou parfois de toile peinte et appliquée, étaient en usage afin de transporter habits, tapisseries, étoffes, coussins, couvre-lits, orfèvreries précieuses, linge, articles de toilette et mobilier. Ces coffres étaient munis de serrures et poignées et ne possédaient en règle générale pas de pieds. Les meubles les plus grands, massifs et de construction assez grossière, étaient souvent laissés dans les châteaux car ils ne représentaient pas une réelle tentation pour les pilleurs ni, le cas échéant, une perte grave. Dans cette catégorie, on compte les longues tables, à dessus amovible et support de tréteaux parfois en fer et pliantes ; les lits, littéralement des châssis en bois accompagnés d’importants rideaux censés isoler ses occupants des courants d’air et leur assurer une certaine intimité ; les éléments encastrés comme les armoires et bancs.

Le mobilier gothique est solide, massif et d’aspect sévère. Les formes communément employées sont rectilinéaires à dominante verticale. L’usage de lignes courbes est réservé aux sièges pliants en forme de X, empruntés au siège curule romain.

Au nord des Alpes, les surfaces à orner du mobilier gothique sont la plupart du temps couvertes d’une sculpture à la fois hardie et vigoureuse, propre au traitement du chêne. Les ornements utilisés dérivent généralement de l’architecture et reproduisent en bois le travail des maçons. Les motifs feuillagés, comme l’érable, le persil, le chou, le cresson et les pampres, étaient très appréciés et choisis au sein de l’univers végétal. Les motifs de fenestrages, copiés des magnifiques fenêtres gothiques, connurent également une vogue importante et furent richement reproduits sur les panneaux des armoires, des dressoirs et des coffres. Le décor le plus courant pour les panneaux est cependant celui dit en parchemin plissé, propre à se décliner en un nombre infini de variantes, allant du plus simple au plus complexe.

Le mobilier médiéval conservé est infiniment rare. La connaissance que nous en avons aujourd’hui est par conséquent très largement tributaire des représentations d’intérieurs trouvées dans les manuscrits enluminés, les bas-reliefs en bois, en ivoire ou en pierre sculpté, et les comptes et inventaires d’époque. Ainsi est-il possible d’établir que l’ameublement de la grande salle des châteaux, utilisée principalement pour les repas et les fêtes, était constitué de tables et bancs de tous genres, de la chaire du maître de maison, de coffres, d’armoires, parfois d’un buffet ou dressoir servant à exposer des orfèvreries de grande valeur ou autres trésors. Des étoffes aux couleurs vives venaient également agrémenter les meubles et des coussins étaient placés sur les sièges pour apporter un vague sentiment de confort et de luxe.

Au Moyen Âge, la chaire était le symbole du pouvoir et son usage réservé au maître de maison et à ses invités de marque. Il est généralement accepté que ce type de siège médiéval tient son origine dans le coffre auquel on aurait ajouté des panneaux sous forme d’un dossier et de côtés. Etant donné que les chaires étaient emblématiques du pouvoir de l’Etat, celles-ci, d’apparence massive, étaient richement sculptées.

Dans la maison médiévale, le coffre occupait une place primordiale dans l’ameublement. Aucun autre type de meuble ne pouvait le remplacer. Outre ses fonctions de stockage et de transport, il servait aussi de siège, de lit, de table, et dans la cuisine il se transformait en huche dans lequel le pain était pétri puis, une fois cuit, conservé.

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